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Trois femmes de Roubaix
04:36
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Moi c'est Nadia, j'suis née à Roubaix de parents prolétaires,
C'est p'têtre pour ça qu'j'ai fait une école de marketing,
Pour éviter les galères financières, avoir un bon salaire,
Mais j'ai toujours eu des rêves cachés dans les rétines.
J'ai survécu 15 ans dans cette boîte de crédit à la conso,
A l'époque où le terme « burn out » n'existait pas encore,
Aujourd'hui, j'me sens bien, j'm'épanouis dans mon asso,
Avec toutes sortes de belles personnes, on s'escorte, on s'en sort.
Quand j'ai démissionné, je savais qu'je reviendrais pas,
C'était l'début d'autre chose, impossible d'revenir sur mes pas.
J'ai deux enfants, de quatorze et seize ans,
Quand j'ai voulu tout quitter, c'était un peu stressant
Mais ma famille m'a soutenue, j'avais besoin d'air,
J'ai sauté en parachute, fait des missions humanitaires,
Je vis ce que je suis, j'me suis battue et j'en suis fière,
Et toi, c'est quoi ton parcours ? Quelles sont tes joies et tes misères ?
Refrain(X2) :
Trois femmes de Roubaix m'ont ouvert leur cœur,
J'ai pas vu le temps passer, ça a duré quelques heures,
J'me suis senti tout p'tit devant ces récits de vie,
Ma plume fait des sourires lorsque j'écris ces lignes.
Moi, c'est Zohra, j'dirais qu'mon parcours est à la fois
Atypique et compliqué, Dieu merci, j'ai la foi.
Je suis née aux fins fonds des monts de Kabylie,
Dans un p'tit village, les traditions rythmaient ma vie.
Mais moi j'étais pas comme les autres, différente, à l'écart,
J'ai dû apprendre l'hypocrisie et maîtriser cet art.
J'suis venue en France puis repartie en Algérie,
J'ai eu deux maris que je n'ai pas vraiment choisis.
Je m'épanouissais en tissant, attendant l'prince charmant,
Y'en a qui est venu, il était ni prince ni charismatique,
Mais c'était l'seul moyen pour moi d'partir d'chez mes parents,
Je suis retournée en France, c'était loin d'être magique
Mais c'était mieux, j'voyais du monde au centre social
Jusqu'à c'que mon mari décide qu'il fallait plus qu'j'y aille.
Y'a deux ans, je l'ai quitté, je me suis remise à tisser
Et ma soif de vivre est plus que jamais attisée.
Refrain(X2) :
Trois femmes de Roubaix m'ont ouvert leur cœur,
J'ai pas vu le temps passer, ça a duré quelques heures,
J'me suis senti tout p'tit devant ces récits de vie,
Ma plume fait des sourires lorsque j'écris ces lignes.
Moi, c'est Nathalie, je viens de Taïwan et je chante,
J'aime la musique classique et ses mélodies enivrantes,
J'ai commencé le piano très jeune, à peine quatre ans,
J'ai dirigé des chorales avec plus de trois cents enfants.
Seule musicienne de la famille, ça n'était pas facile,
C'est un métier fragile, j'ai fini par choisir l'exil,
Sur Skype, j'ai rencontré un homme, je l'ai rejoint,
Depuis, je l'ai quitté, j'suis partie dans le Nord
Avec mes deux jumeaux, maintenant j'ai besoin
De rencontrer des gens et de chanter encore.
Ici, on est des femmes libres et solidaires,
On s'raconte nos joies, nos misères, c'est c'qui nous libère
Avec nos passions, écoute, respect et compassion,
On n'a pas la même culture, la même éducation
Et c'est ça qui nous enrichit un peu plus chaque jour,
Fières de nos parcours faits de sueur et d'amour.
Refrain(X2) :
Trois femmes de Roubaix m'ont ouvert grand leur cœur,
J'ai pas vu le temps passer, ça a duré quelques heures,
J'me suis senti tout p'tit devant ces récits de vie,
Ma plume fait des sourires lorsque j'écris ces lignes.
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2. |
Dans mon bahut
03:21
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J'suis au LEP, inscrit en BEP, je suis pas ce qu'on peut appeler
Un élève zélé, quand faut parler d'moi j'suis gêné, j'aime les
Jeux vidéo et l'rap, Fifa, Nekfeu et les sapes,
J'ai eu mon CAP, maintenant j'vais sûrement aller jusqu'au bac,
Après, j'sais pas exactement c'que j'f'rai mais ce s'ra manuel,
J'crois qu'je manie la manette aussi bien que la truelle.
On s'entend tous bien ici, y'a Massiga qui vient du Mali, gars,
T'imagines le périple terrible pour arriver ici-bas...
Sahara, Mauritanie, Libye... Il parle peu, plutôt timide,
Pas comme Lamine, qui sort des vannes tous les après-midi.
Y'a Rémy aussi, ça s'écrit avec un « Y », attention,
Il a toujours des excuses qui relèvent du sujet d'invention,
Kidnappé par un camion juste devant l'entrée du bahut,
C'est pas d'sa faute, c'est pour ça qu'la semaine dernière il est pas v'nu.
Ibrahima, lui, veut devenir maçon et joue au foot à Croix,
Il paraît qu'il est tellement fort qu'les autres joueurs n'ont plus la foi...
Refrain (X2) :
Bienvenue dans mon bahut, entre quiétude et chahut,
Au coin de la rue, des centaines de destins.
Des ados viennent construire dans ce monde mesquin,
Un avenir plus tranquille que ce qu'ils ont connu.
On dit que Roubaix c'est chaud, qu'on y laisserait pas son chat
Mais sachez que c'est faux, chez moi en tout cas,
Loin d'leur faux journalisme, islamisme, burqa, c'est sans doute ça
Qui laisse croire qu'ici y'aurait soit-disant plus d'espoir.
Les mêmes histoires de merde qui s'répètent sans pause,
Bref, moi j'y bosse, j'suis prof et j'décèle pas grand chose
De véritable dans ces reportages efficaces pour faire peur
Aux racistes délicats qui dédicacent leurs « pestes-sellers ».
Mais passons, j'fais cours à des chouettes garçons
Et j'fais pas trop la gueule quand ils apprennent pas la l'çon,
D'façon, comme moi ils ont du mal avec ce système
Scolaire, doués pour plein d'autres trucs que l'école, ils aiment
Travailler de leurs mains et discuter de mille choses,
Ils ont vécu tellement de trucs, ça s'entend quand ils causent.
J'ai fait des dizaines de lycées, celui-ci est mon préféré,
J'pourrais presque venir bosser ici un jour férié...
Refrain (X2) :
Bienvenue dans mon bahut, entre quiétude et chahut,
Au coin de la rue, des centaines de destins.
Des ados viennent construire dans ce monde mesquin,
Un avenir plus tranquille que ce qu'ils ont connu.
J'me barre du lycée, ça y est, j'reprends l'bus,
J'repense à quand j'étais au bahut, quand c'était l'grabuge
Dans ma tête et j'me dis qu'ces gamins sont bien plus adultes
Que quand j'avais leur âge, j'espère qu'ils atteindront leur but.
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3. |
Salut l'emploi
03:04
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Reconversion professionnelle,
Licenciement, inaptitude,
Ces mots font mal aux oreilles,
Quelle est la bonne attitude
Pour avoir un travail ?
Faut enlever son voile ?
Moi j'veux une vie sociale,
Le cocon familial,
C'est cool mais c'est pas tout,
Ecoute un peu nos parcours
Et retiens bien nos prénoms,
Est-ce que t'es prêt ? Attention...
Anissa, Rabia, Hadjila,
Mahmoud, Ramata, Samira,
Amel, Marion, Ludivine,
Cindy, Valérie, Omezzine.
Refrain (X2) :
Salut l'emploi, t'es là ?
Nous on t'attend en tout cas,
On est là, tu nous vois ?
Tu veux qu'on te vouvoie,
Bonjour l'emploi, vous allez bien ?
On vous cherche de bon matin,
On est dispos et on est pleins,
Voilà nos CV, à demain !
Dynamique vers l'emploi,
Ben ouais, je veux bien, moi
Mais j'aimerais avoir le choix
D'pas faire n'importe quoi,
De pas rester sans rien faire,
De poser ma p'tite pierre,
D'être utile à ce monde,
Les journées sont trop longues,
J'veux rencontrer des gens,
C'est pas qu'une question d'argent,
J'veux pas qu'mes dix doigts s'engourdissent
Pendant qu'mes fils grandissent.
Je la f'rai, cette reconversion,
J'enchaînerai les formations,
Regarde ma détermination,
J'suis pas l'problème, j'suis la solution.
Refrain (X2) :
Salut l'emploi, t'es là ?
Nous on t'attend en tout cas,
On est là, tu nous vois ?
Tu veux qu'on te vouvoie,
Bonjour l'emploi, vous allez bien ?
On vous cherche de bon matin,
On est dispos et on est pleins,
Voilà nos CV, à demain !
On est jardinistes,
Coiffeuses, infographistes,
Agentes d'entretien,
Vendeuses en magasin,
Résistantes maternelles,
Travailleuses sociales,
Cuisinières, couturières,
On a bossé à l'hôpital,
On fait pas les mêmes prières
Mais on est solidaires,
Mais on partage nos galères
Et ça, ça vaut bien un salaire.
Obligées de positiver,
Malgré tout, d'rester motivées,
De mettre un peu de sens
Dans notre existence.
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4. |
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J'suis un vieux jouet de Roubaix retrouvé
Chez des gens dont les enfants sont partis y'a longtemps.
Jusqu'ici j'ai roulé, j'étouffais, je voulais
Sortir de ce grenier tout gris pour prendre du bon temps.
Maintenant, je suis content, j'ai rencontré des femmes
Et des hommes épatants avec une très belle âme.
Ici, elles et ils nettoient les vieux jouets comme moi,
Certains viennent de loin, ils sont pas « made in China »,
Ils sont là depuis longtemps ou depuis quelques mois,
J'aime écouter leurs histoires, c'est comme au cinéma.
La vie, c'est ça, c'est Sabbah, c'est Nadia
Qui a des sourires dans la voix, qui veut écrire une pièce
Pour montrer qu'de sa vie on peut être maîtresse,
Qu'on rend belles nos détresses avec ce qu'on a
Et même que parfois on est plus fort que ce qu'on croit
Gepetta redonne vie à un pantin en bois.
Refrain (X2) :
Une poupée, un sifflet, un dino en plastique,
ça paraît peu mais ça peut devenir fantastique.
Le temps d'une parenthèse et d'un café léger,
On se raconte nos vies, on n'oublie pas de rêver.
Séline, sourire discret, était prof en Turquie,
Elle enseignait la chimie à des milliers de lieues d'ici.
Aujourd'hui, petit à petit, elle apprend le français,
ça l'énerve de ne pas pouvoir nuancer sa pensée,
Elle manque de mots, de phonèmes mais Emeraude, Miriem
Et les autres lui en apprennent, chaque matin, chaque aprem',
Y'a quelques semaines, elles qui se connaissaient à peine,
Maintenant, ensemble, pourraient presque faire de la scène.
Y'a quelques gars aussi, Philippe, flegmatique,
Drôle sans en avoir l'air, genre « mélancomique »,
Et puis y'a Oikas dans la place depuis 98,
Qui connaît Roubaix jusqu'à la plus petite brique,
Qui a vu beaucoup d'misère dans les parcs l'hiver
Mais aussi des merveilles au milieu des faits divers.
On pourrait faire mille chansons avec toutes ces vies,
Au milieu des vieux jouets, de nouvelles histoires s'écrivent.
Refrain (X2) :
Une poupée, un sifflet, un dino en plastique,
ça paraît peu mais ça peut devenir fantastique.
Le temps d'une parenthèse et d'un café léger,
On se raconte nos vies, on n'oublie pas de rêver.
Aujourd'hui, j'pars, je quitte toutes ces histoires,
C'est une nouvelle aventure que j'entamerai ce soir.
Dans la chambre d'un gosse, je vivrai d'autres vies,
Je l'ai vu me regarder avec un sourire ravi.
Ils m'ont bien nettoyé, ils m'ont bien fait briller,
On dirait qu'je suis neuf, comme sorti d'la boutique,
J'penserai longtemps à eux, j'peux pas les oublier,
J'étais moche et cassé, un vieux jouet pathétique,
Là, j'me sens tout pimpant, j'suis frais et fringuant,
Prêt à revivre encore un paquet de printemps.
Moi qui suis plus tout jeune, j'suis propre comme un sou neuf,
Avant, j'faisais la gueule, avant, j'étais tout seul,
Maintenant, j'ai plein de potes, de toutes les époques,
Des chevaliers, des dragons et même des Pokémon.
Dans un appartement, je retrouve la chambre d'enfant
Que j'avais quittée à regret il y a plus de trente ans.
Refrain (X2) :
Une poupée, un sifflet, un dino en plastique,
ça paraît peu mais ça peut devenir fantastique.
Le temps d'une parenthèse et d'un café léger,
On se raconte nos vies, on n'oublie pas de rêver.
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5. |
Chlorophylle
03:17
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En plein cœur des briques rouges,
Il existe une oasis.
Assis sur une vieille souche,
Pas loin des pneus qui crissent,
On peut y faire une pause,
Ici, les plantes te causent,
Te disent de te calmer,
C'que tu fais rarement ou jamais.
Tu croyais qu'le pain poussait
Sur des arbres à baguettes,
Tu ne sais pas vraiment où c'est
Qu'on récolte les cacahuètes.
Ici, y'en a pas trop trop,
ça pousse pas tellement dans le Nord,
A force d'être dans le métro,
On oublie comment c'est dehors.
Refrain (X2) :
Y'a pas loin de trente ans,
On a planté des arbres,
ça fait beaucoup de printemps,
Maintenant, ils sont grands.
Ici, tu as le temps
De méditer au calme,
De couper tes écrans
Et d'écouter le chant du vent.
Pont (X2) :
Ecoute le chant du vent,
Ecoute le chant du vent, est-ce que tu l'entends ?
Certains viennent ici
Pour une deuxième vie,
Reconstruire leur esprit
Ou apaiser les cris.
Le stress des grandes villes
Et des parcours précaires
Nous font froncer les sourcils
Et nous irritent les nerfs.
Un peu de chlorophylle,
Du vivant du concret
Et les bagnoles qui défilent
Deviennent un bruit discret.
Des jardins populaires,
Il en faudrait partout
Pour que les légumes verts
Soient pas qu'pour ceux qu'ont des sous,
Pour ceux qui décident
De c'qu'y'a dans nos assiettes,
Pour ceux qui président,
Qu'ont la plus grosse galette.
C'est pas facile,
On n'a pas tous la main verte,
Faut tacher son jean,
Mettre les mains dans la terre
Mais c'est moins chiant que de remplir son caddie,
Plutôt qu'de les gagner, faut qu'on plante des radis,
Ouais, c'est moins chiant que de remplir son caddie,
Plutôt qu'de les gagner, faut qu'on plante des radis.
Refrain (X2) :
Y'a pas loin de trente ans,
On a planté des arbres,
ça fait beaucoup de printemps,
Maintenant, ils sont grands.
Ici, tu as le temps
De méditer au calme,
De couper tes écrans
Et d'écouter le chant du vent.
Pont (X2) :
Ecoute le chant du vent,
Ecoute le chant du vent, est-ce que tu l'entends ?
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Mwano Lille, France
Créchant au milieu des briques rouges, Mwano gribouille des rimes et bidouille des beats, en groupe ou en solo. Liant intimement le rythme et le texte, le sens et la forme, le sampling et l’interprétation, ce MC/beatmaker est grave open, n’hésitant pas à piocher ses influences là où bon lui semble : des Roots à Gainsbourg, de Bobby Lapointe à Rocé, d’MF Doom à Miles Davis… ... more
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